Une figure particulièrement récurrente dans le travail de Sitelle est celle de la liseuse dont une sérénité évidente se dégage. Elle nous fait face et a très souvent les yeux clos, recentrée sur elle même. Elle paraît absorbée comme en introspection. Cette narration de laquelle toute l’œuvre de Sitelle se teinte peut-être alors aussi de celle que l’on intériorise, que l’on se raconte à soi. Cette intériorité du récit, l’emprise des mots et l’exploration induite ont longtemps pris dans les peintures de l’artiste, des formes abstraites chargées symboliquement et émotionnellement. Au fur et à mesure, dans une maturité incontestable, elles se cristallisent en des figures humaines ancrées au sein de paysages de plus en plus familiers. De manière générale, la figure féminine est au cœur de son œuvre artistique et se raconte à la lisière du vécu personnel. La trajectoire autobiographique et celles d’expériences étrangères, âmes et présences semblent s’entrecroiser au travers de l’univers de l’artiste.
Sous des couleurs vives et tumultueuses, à la manière d’un Kees Van Dongen, Sitelle rompt avec certaines conventions figuratives afin d’explorer l’émotion, le sentiment et la force narrative de l’humain dans ses peintures. Prenant à revers les conventions graphiques pour en observer la charge symbolique, Sitelle comme l’oiseau duquel elle tire son nom d’artiste, nous invite à remonter l’histoire à rebours et provoquer ainsi un retour à soi.
Sarah Gourtay
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